Discours prononcé par le Général Renaud au cimetière Montparnasse le 14 mars 2003

Monsieur Hoang Chung, Président de l'Association des Nungs de France, Officier de la Légion d'Honneur, que nous enterrons aujourd'hui a été un exemple de courage et de fidélité.

Il était le légendaire « Dzim » des maquis Thaïs de la Haute Région du Tonkin, se battant à nos côtés sur les arrières du Viet Minh dès l'âge de vingt ans, en 1946.

En 1950, après un stage radio et parachutiste, il est largué à la tête d'un commando de supplétifs et mène pendant vingt-sept mois des actions de guérilla à la frontière de Chine.

En 1953, le chef de guerre est brillamment incorporé comme caporal au GCMA (Groupement de commandos mixtes aéroportés) et reprend ses raids jusqu'à la fin des opérations qui marque aussi l'abandon des populations du Tonkin au nouveau pouvoir.

Il se replie alors au Laos où il recevra, en 1955, la croix de la Légion d'Honneur après la Médaille Militaire, quatre citations à l'ordre de l'Armée et deux au Corps d'Armée!

Evacué sur la France avec sa famille, l'action clandestine se poursuivra pour lui encore pendant dix années dans la réserve de nos services spéciaux : Dzim, entre les missions, se plonge dans les manuels - brevets obligent! - et termine sa carrière régulière de quinze ans de services avec le grade d'adjudant chef.

Voilà le soldat.

Son courage , il l'a prouvé toute sa vie, et pas seulement au combat. Combien de fois n'a-t-il pas rappelé toutes les difficultés qu'il a dû surmonter ensuite non seulement pour s'intégrer dans l'Armée régulière, passer ses brevets de sous-officier, mais suivre avec sa famille les pérégrinations de l'exode, l'installation en France, l'éducation, aux côtés de son épouse, de sa magnifique famille de neuf enfants tous ici présents.

Oui, Hoang Chung a été digne et courageux.

Je voudrais insister sur un autre trait de sa personnalité: sa fidélité à notre pays et son dévouement aux autres.

En 1975, débarquent en France les réfugiés qui fuient la dictature communiste étendue à toute l'Indochine. D'emblée, Hoang Chung, avec le prestige du légendaire "Dzim", s'emploie à regrouper ses compatriotes montagnards, nos "harkis" de l'époque, en particulier les anciens maquisards nungs. C'est ainsi qu'à partir de Chanteloup-les-Vignes en Yvelines, où se sont fixés une centaine de familles, s'est organisé un réseau de solidarité avec les autres familles réfugiées à Toulouse, Metz ou Marseille. En 1978 est créée l'Associations des Nungs de France, association d'anciens combattants parrainée par l'ANAI. Tout naturellement, Hoang Chung en prend la présidence qu'il assumait encore le jour de sa mort. Ainsi, dans notre pays a été entretenue, dans une communauté dispersée de réfugiés, une magnifique tradition de cohésion et de dignité.

Représentant des anciens d'Indochine des Yvelines, en présence de notre Président national et de ses anciens camarades de combat, nous tenons à porter témoignage devant toute sa famille et ses compatriotes rassemblés de ce que, pour nous Hoang Chung , Officier de la Légion d'Honneur, a été un exemple de courage et de fidélité .


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