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>La guerre d'Indochine>Discours du général de Lattre le 21 octobre 1951

 

Discours du général de Lattre, Haut-Commissaire de France en Indochine et Commandant en Chef en Extrême-Orient le 21 octobre 1951, au Palais Gia Long,devant Sa Majesté Bao Dai.

Sire, le Commandant en Chef, que je suis, de l'Armée Vietnamienne doit présenter son rapport à l'Empereur au retour d'une mission dont les buts immédiats et les résultats matériels furent d'ordre militaire. Aussi vous ai-je, Sire, longuement exposé hier ce que sont ces résultats et les redirai-je brièvement demain en face du général Lawton Collins...
J'ai été, non pas un grand ambassadeur itinérant, mais ce bon messager, ce missionnaire qui répand d'autant mieux la foi qu'il la ressent plus forte en lui même ; j'ai mis mon autorité au service de ma conviction et j'ai dit d'abord ce qui est le coeur de cette conviction : ma foi en Sa Majesté Bao Dai.

S.M. Bao Drai, symbole de l'unité du Vietnam
J'ai dit d'abord que S.M. Bao Dai était le symbole, le support nécessaire de l'unité du Vietnam.
La couronne forme le lien qui rassemble ce pays vaste et richement divers qui s'étend de la frontière de Chine à la pointe de Camau. Elle constitue au surplus le lien qui unit à l'Etat vietnamien les minorités ethniques.
L'Empereur est l'unité, plus forte que les différences, que les particularismes, que les féodalités. Il est le maître de l'Armée, qui est à son tour l'instrument et l'expression de l'unité du pays.

L'Empereur, trait d'union entre le passé et l'avenir
J'ai dit aussi que l'Empereur était la substance de l'unité du Vietnam dans son histoire, le trait d'union entre son passé et son avenir. Héritier jeune et moderne d'une vieille dynastie, S.M. Bao Dai peut seule sauver l'âme de l'Annam d'autrefois en lui donnant un corps nouveau. Or rien n'est plus nécessaire que de préserver - face à la barbarie menaçante - les valeurs d'une civilisation très ancienne, très humaine et très précieuse. Mais rien n'est plus nécessaire aussi que de les réincarner dans un cadre plus fort, dans un élément plus moderne : car ce n'est pas avec le jade que l'on combat contre l'acier ; ni les mandarins ni les notables ne peuvent faire reculer les commissaires politiques.

Le Prince, avocat du peuple
J'ai dit enfin, Sire, que vous étiez le garant, le gardien de l'unité et de la solidité de ce pays, parce qu'au dessus des classes sociales comme au dessus des partis politiques vous représentez la Nation toute entière, le Peuple du Vietnam.
Toujours la fonction du Prince est d'écouter les voix profondes, les demandes obscures, la grande requête de justice et l'appel de la misère. Un royaume est bien compromis quand le Monarque prend parti pour les Notables ou pour sa Cour contre le Peuple ; mais il est sauvé quand le Monarque reste fidèle à son rôle qui est d'être - en même temps que le représentant de la permanence du pays - l'avocat des faibles et des pauvres parce qu'ils sont toujours la majorité de la Nation.

... promoteur des réformes sociales
C'est pourquoi ce pays et le monde ont accueilli avec tant d'espoir le message du Têt de Votre Majesté : dans la conjoncture actuelle du Vietnam - où les prestiges de la révolution ont été usurpés par un Parti de l'Etranger, le Viet Minh, dont le seul but est l'instauration d'une tyrannie étrangère, la dictature communiste - il était tout particulièrement nécessaire que Votre Majesté reprît l'initiative des réformes.
Si une véritable promotion du Vietnam a pu avoir lieu sur le plan international, c'est parce que le monde croit en une grande promotion interne de ce pays dans sa structure même, par de grandes réformes sociales, sous l'impulsion de Votre Majesté, protectrice de la Nation toute entière.

Le Chef de l'Etat, animateur de l'efficacité du Vietnam
Sire, vous voyez ainsi comment, en rappelant que Votre Majesté était le dépositaire de l'unité du Vietnam, j'étais par là même amené à montrer partout qu'elle était aussi nécessairement - comme Chef de l'Etat - l'animateur de l'efficacité du Vietnam.

Le monde sait combien un tel animateur est indispensable dans un pays qui vient d'accéder à l'indépendance: car on y oublie presque fatalement que l'indépendance - qui était naguère encore la fin de tous les voeux - n'est en elle-même à son tour qu'un commencement et que les revendications doivent désormais se transformer toutes en responsabilités. Si aujourd'hui encore quelques sceptiques s'obstinent à ne pas vouloir admettre l'indépendance de leur pays, n'est-ce pas surtout pour éluder les responsabilités de cette indépendance, n'est-ce pas parce qu'ils sont des impuissants et des timorés ?

Place aux bâtisseurs
L'indépendance est une grande maison à construire : l'acte qui l'a reconnue n'en a posé que les fondations. Ceux qui se penchent indéfiniment sur ces fondations, pour critiquer le choix des matériaux, oublient que leur rôle est d'être des constructeurs et d'ajouter des étages. Le Vietnam n'a pas besoin de critiques mais de bâtisseurs. Il n'a pas besoin d'actionnaires mais d'hommes d'action. Et Votre Majesté, seule, peut animer la grande ?uvre que le Vietnam doit accomplir.

L'Union Française, une communauté de sentiments
Vous êtes, Sire - et je l'ai dit - la source de toute efficacité parce que vous êtes le garant de cette politique de coopération entre la France et le Vietnam, qui profite au Vietnam, qui protège le Vietnam en danger de mort, qui assure la vie du Vietnam. L'amitié dont Votre Majesté veut bien m'honorer dépasse singulièrement ma personne : elle a une valeur exemplaire. Elle donne la preuve que l'Union Française n'est pas une formule ni même une simple institution : elle est en soi, elle doit devenir dans tous les cas, un grand sentiment, le sens d'une communauté entre les hommes.

L'engagement du Vietnam dans la guerre
Vous êtes enfin, Sire - et je l'ai dit -la source de l'efficacité du Vietnam parce que vous incarnez la volonté de combattre de ce pays, sa volonté de défendre contre l'expansion communiste ce qui constitue une partie vitale du Monde Libre. L'Armée Vietnamienne placée sous vos ordres doit être l'instrument de plus en plus puissant de cette volonté. J'ai demandé, j'ai obtenu de quoi développer cet instrument parce que j'ai pu affirmer cette volonté qui, pour l'Amérique comme pour la France, est la condition préalable de tout appui, de tout nouveau sacrifice.

Une grande promesse en train de se réaliser
Ayant partout proclamé ce qu'était, ce que représentait, ce que faisait, ce que voulait faire S.M. Bao Dai, j'avais par là même exposé ce qu'était, ce que devait être le Vietnam. Le Vietnam est pour moi une grande promesse et l'image héroïque de son passé se recrée aujourd'hui dans le sang pur de sa jeunesse. Le Vietnam, ai-je dit, est une grande promesse en train de se réaliser.
Pourquoi ai-je été cru, Messieurs ? Parce que j'ai mis dans la balance toute mon autorité ? Certes. Parce que j'ai imposé ma conviction ? Oui. Mais surtout parce que j'ai pu dire que la réalisation de la promesse avait commencé, que les réalisations continuaient, parce que j'ai pu citer les faits d'un passé récent, parce que j'ai pu engager l'avenir, un avenir gagé sur Sa Majesté Bao Dai.

Les tâches essentielles et urgentes
La promotion du Vietnam sur le plan international - à laquelle je me suis consacré à Washington, à Londres, à Rome, comme le Président Huu avec tant de succès à San Francisco et également à Londres - si elle aura pour conséquence heureuse notre renforcement militaire, a aussi pour conditions préalables et pour exigences absolues la réalisation des deux éléments essentiels de l'unité et de l'efficacité du Vietnam : le développement immédiat de l'Armée Nationale, la mise en oeuvre d'un vaste programme de réformes qui assureront la solidité du régime sur le bonheur du peuple.
De même que l'indépendance n'est qu'un commencement, les résultats obtenus apportent avec leurs avantages leurs obligations : ils donnent le moyen mais ils donnent aussi l'obligation au Vietnam d'aller de l'avant.
Et aller de l'avant, Messieurs, c'est marcher derrière Sa Majesté Bao Dai.


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