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>L'oeuvre de la France>Enseignement, santé et action sociale

 

Enseignement, santé et action sociale (1946)

L'enseignement
Au XVIIème siècle, nos missionnaires inventèrent un système d'écriture par notation latine de la langue annamite, le quoc ngu, qui devait permettre de lire et d'écrire sans avoir à emmagasiner des milliers de caractères chinois. Cette invention a rendu de tels services qu'elle doit figurer en tête de ce chapitre consacré à l'enseignement, à la santé et à l'action sociale. Aujourd'hui, le quoc ngu est employé dans la correspondance courante, dans la presse indigène, dans la littérature locale, et les oeuvres de nos grands écrivains ont pu être traduites par ce moyen.
L'enseignement primaire élémentaire a été largement répandu dans les villes et les campagnes; l'enseignement secondaire est assuré dans plusieurs lycées tandis que des facultés de droit et de médecine, des écoles supérieures et techniques groupent l'élite studieuse du pays. La jeunesse asiatique, intelligente et favorisée par une mémoire souvent remarquable, a le goût des études et le désir de s'instruire. Il importe de tirer parti de ces dispositions dans l'intérêt même du pays qui a besoin d'une élite intellectuelle capable de concourir au développement économique, social et politique en association avec les cadres français.
9.000 établissements d'enseignement de toute nature groupent une population scolaire de 400.000 unités, avec près de 13.000 maîtres français ou indigènes. Des écoles professionnelles et techniques fonctionnent dans les grandes villes : écoles pratiques d'industrie, écoles d'arts appliqués, d'arts décoratifs, d'apprentissage, sections commerciales dans les lycées, etc. Il existe, en outre, une école supérieure de travaux publics, une école supérieure d'agriculture, une école de vétérinaire complétant un enseignement qui prépare les étudiants aux situations les plus diverses. En peu de temps, la France a accompli en Indochine une oeuvre scolaire que d'autres pays envieraient et qui, si elle n'est pas achevée dans un monde où tout est appelé à évoluer fort vite, est néanmoins adaptée aux exigences présentes.
L'éducation physique n'a pas été perdue de vue comme complément normal de l'éducation. Le sport est en honneur chez les Indochinois et donne lieu à de nombreuses compétitions. Au-dessus de l'enseignement, dans le domaine des lettres, des arts et des sciences, d'importants établissements diffusent la pensée franco-indochinoise dans le monde. Des savants de renom poursuivent la reconstitution de l'histoire des peuples autochtones, dégagent les pierres, les interrogent, traduisent et étudient les manuscrits à l'École française d'Extrême-Orient, dont un bulletin publie les excellents travaux. Les services géographique, géologique et météorologique contribuent, chacun dans sa sphère, à révéler le pays, tandis que les instituts Pasteur de Nha-Trang, Saïgon et Hanoï participent, par leurs recherches, à l'hygiène et à la santé publiques.

La santé
En matière d'hygiène et de médecine, les résultats obtenus ont été d'autant plus appréciables qu'il a fallu lutter contre des préjugés enracinés à l'égard de ce qui venait de l'étranger. Notre science médicale s'est heurtée sans cesse à une médecine empirique, traditionnelle, en opposition avec tout progrès et toute raison, mais à laquelle la population de tous les milieux restait attachée malgré ses innombrables méfaits. Une hygiène et une thérapeutique méthodiques et rationnelles ne pouvaient convenir à la fantaisie et à l'extravagance étiologique d'affections dues à des génies et à des maléfices. L'empirisme sinoannamite, qui faisait profit de cette situation, opposait à nos conceptions des armes inattendues, exorcisantes, souvent dangereuses. Peu à peu des résultats ont été obtenus qui ont montré la supériorité de nos méthodes.
La variole, qui décimait des villages entiers, a été vaincue par la vaccination. Le trachome est combattu. La dysenterie fait moins de victimes. Mais le paludisme reste la maladie des régions montagneuses et a nécessité la création d'une vaste organisation antimalarienne. La tuberculose, assez répandue, n'échappe pas à la vigilance de notre assistance médicale qui, avec un personnel numériquement suffisant, aura à pénétrer plus profondément dans les campagnes.
L'afflux des malades dans les hôpitaux et les dispensaires est la preuve du succès de notre action de protection sanitaire. Celle-ci enregistre la diminution de la mortinatalité et des grandes épidémies, les efforts pour donner des soins éclairés aux femmes en couches et aux nouveau-nés, les travaux d'adduction d'eau potable et la javellisation. Mais il reste énormément à faire pour assainir l'agglomération annamite et l'habitation.

L'action sociale
Les oeuvres sociales ont été conduites dans la mesure où le permettaient les ressources budgétaires des plus limitées et celles en provenance des emprunts. Force est de compter sur l'intervention de la bienfaisance privée pour mener à bien certaines ceuvres. Celle-ci s'est heureusement manifestée en Cochinchine, où elle a fondé des établissements d'un grand secours pour la protection des sourds et muets, des aveugles, de l'enfance abandonnée, des vieillards, etc.
On ne saurait clore ce chapitre sans faire état de deux fléaux sociaux qu'il y a lieu de combattre par tous les moyens : l'opium et l'usure.
L' opium , fléau de l'Extrême-Orient - Dans les budgets des pays d'Extrême-Orient, l'opium figure en recettes parce que sa vente est monopole d'Etat et qu'il s'agit, par ce moyen, de surveiller et de limiter la consommation de la drogue. Mais, précisément, la contrebande a une arme puissante contre le monopole son bas prix. Aux recettes budgétaires, les recettes de l'opium comptaient, avant la guerre, pour 4,7 % ? Si des auteurs affirment que l'opium est consommé par une bonne partie de la population, on estime, de source officielle, à 115.000 le nombre des fumeurs, composés de Chinois et de travailleurs. Comme la régie livre 65 tonnes de drogue et que la consommation annuelle de chaque fumeur est d'un kilo, on en déduit que la contrebande fournirait 45 tonnes, en provenance surtout du Yunnan.
Les conventions internationales contiennent d'excellentes dispositions en vue de la suppression graduelle de la fabrication et du commerce ainsi que de la répression de la contrebande. Toutefois, leur application exigerait une action sincère et concertée de la part des puissances signataires des actes en question. Au surplus, c'est par une propagande bien conduite sur la jeunesse, à l'école, au moyen du film que l'on pourrait enrayer efficacement l'usage d'une drogue dont les effets nocifs sur la santé des individus n'est plus à démontrer.
L' usure - L'argent étant rare autrefois, l'indigène consentait les plus grands sacrifices pour s'en procurer. Cet état de choses favorisa le développement de l'usure qui a survécu à la création de banques, à l'organisation des prêts sur récoltes, à l'institution de monts-de-piété, à la fixation du taux de l'intérêt.
L'indigène recourt à l'emprunt avec une facilité déconcertante et accepte, sans souci des conséquences, des taux d'intérêt prodigieusement élevés que lui imposent les prêteurs de fortune et les banquiers de toutes races. Il se soumet aux conditions les plus draconiennes, à des intérêts usuraires allant jusqu'à 300 %, qui finissent, en bien des cas, par entraîner la vente du patrimoine et des peines privatives de liberté. Aujourd'hui, l'usurier ne peut plus disposer de l'arme de la contrainte par corps qui n'est plus ordonnée qu'en cas de mauvaise foi dûment constatée du débiteur. En outre, le taux légal d'intérêt a été fixé, de même que le taux conventionnel. Est-ce à dire que ces mesures ont suffi à mettre un terme aux pratiques de l'usure ? Non pas. Et la lutte devra continuer contre elle avec vigueur.

La protection du travailleur indochinois
La protection des salariés n'a cessé de retenir l'attention des pouvoirs publics. En cette matière comme dans les autres, la réglementation a été constamment révisée pour répondre aux besoins nouveaux.
Les mouvements de la main-d'oeuvre se sont accentués entre les territoires de l'Union avec l'extension des plantations d'arbres à caoutchouc, l'exploitation des ressources du sous-sol, l'exécution des travaux d'intérêt général. En outre, des coolies ont été recrutés pour travailler dans les îles lointaines du Pacifique; en Océanie, en Nouvelle-Calédonie et surtout aux Nouvelles-)Hébrides. Nombre de Laotiens, enfin, allaient s'engager à l'étranger au Siam, en Birmanie, au Yunnan sans être munis de contrat ou de pièces d'identité qui pussent permettre d'assurer leur protection. Une réglementation assure désormais le contrôle du recrutement, le respect des contrats, la protection morale et matérielle du salarié.
L'épargne ouvrière est assurée par un pécule individuel pour les travailleurs recrutés par contrat; un contrôle de la main-d'eeuvre a été institué pour veiller au respect des engagements. Le travail des enfants, des adolescents et des femmes a été entouré de garanties, de même que l'hygiène et la sécurité du personnel dans le commerce et l'industrie. La question des accidents du travail fait enfin l'objet de dispositions qui assurent à l'ouvrier une allocation s'il est victime d'une infirmité permanente.
Le développement agricole, commercial et industriel a eu pour conséquence heureuse de procurer aux Indochinois des salaires supérieurs à ceux d'autrefois et d'améliorer notablement leur niveau de vie. Naguère, la rémunération du travail était en rapport avec la pauvreté du pays; elle était, par jour, de quelques sapèques et de deux écuelles de riz, sans compter les mauvais traitements. Aujourd'hui, la main-d'oeuvre recrutée par contrat reçoit la nourriture, le logement, les soins médicaux et un salaire qui, s'il paraît bas à des Européens, correspond aux conditions de l'économie locale.
Les écoles professionnelles s'emploient à augmenter le nombre et la qualité des ouvriers. L'habitude de l'action collective pénètre chez les ouvriers stabilisés, notamment chez les spécialistes des industries mécaniques. Liée à toute évolution industrielle, elle ne saurait surprendre. Si les travailleurs annamites acquièrent une notion plus nette de leurs droits, il importe aussi qu'ils aient conscience de leurs devoirs. De leur côté, les employeurs doivent avoir un souci constant de justice et de bienveillance dans la direction de la maind'oeuvre, en même temps que la fermeté indispensable à la conduite de leur entreprise.
A partir de 1921, les coolies tonkinois ont apporté à la colonisation agricole des Nouvelles-Hébrides un renfort que nécessitait la pénurie de main-d'ceuvre canaque, rapportant dans leur pays, en fin de contrat, des sommes importantes.


Extrait de " Indochine, une réalisation française ", Paris - Editions de l'Agence Extérieure - 1946


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- L'instruction publique en 1930
- Alexandre Yersin (1863-1943)
- Le service de santé en Indochine, 1858-1945
- L'oeuvre sanitaire de la France en Indochine
- L'institut Pasteur de Saïgon
- Des religieuses au service des orphelins et des lépreux
- L'hôpital Nhi Dông 2 Grall à Saïgon

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