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Le temps de la paix : l'Union Indochinoise


Un décret du 17 août 1887 avait regroupé toutes les possessions françaises d'Indochine : la colonie de la Cochinchine et les protectorats du Cambodge, de l'Annam et du Tonkin, en une fédération placée sous la haute autorité d'un gouverneur général. Le Laos devait la rejoindre en 1893 après s'être mis sous la protection de la France. Mais les premiers gouverneurs généraux, pris par d'autres problèmes, se préoccupèrent assez peu d'agir sur le plan fédéral. Ce n'est qu'en 1898, sous le gouvernorat de Paul Doumer (1897-1902), après la création des Services généraux (Travaux publics, Douanes et Régies, Agriculture et commerce) et l'instauration d'un Budget général de l'Indochine, que l'Union Indochinoise reçut sa forme définitive et les moyens de son fonctionnement.

Un gouverneur général tout puissant
La nouvelle organisation concentre tous les pouvoirs entre les mains du gouverneur général. Représentant de la France, dépositaire des pouvoirs de la République, seul habilité à correspondre avec le Gouvernement, il a la haute main sur tous les services civils qu'il est chargé d'organiser et dont il est responsable ; il nomme à toutes les fonctions civiles, organise et nomme les personnels locaux "indigènes" ; il peut déléguer tout ou partie de ses pouvoirs aux chefs locaux de chaque pays ; il est responsable de la défense intérieure et extérieure de l'Indochine ; il dispose des forces de terre et de mer mais n'exerce pas de commandement direct ; il correspond avec les représentants de la France en Extrême-Orient, mais ne peut engager aucune action diplomatique sans l'autorisation du Gouvernement.
Le gouverneur général est assisté d'un secrétaire général qui peut le remplacer en son absence, d'un Conseil de gouvernement et de différents conseils techniques.
Les représentants de la France dans les cinq pays de l'Union : gouverneur de la Cochinchine, résidents supérieurs dans les pays de protectorat et, après 1900, l'administrateur supérieur du territoire à bail de Kouang-Tchéou-Wan, sont placés sous son autorité.
Ainsi était réalisée l'unité de commandement qui allait permettre à Paul Doumer de rassembler les moyens nécessaires au lancement d'un plan ambitieux de développement et de mise en valeur du territoire.

Le renforcement de l'administration directe
L'impulsion ainsi donnée à l'essor économique eut une contrepartie : le renforcement de l'administration directe dans les pays de protectorat. Au départ, les Français auraient préféré un système d'administration indirecte, auquel aurait été superposée une structure française de contrôle. Mais au moment de la conquête de la Cochinchine, tous les chefs de province et leurs adjoints prirent la fuite, emportant tous les documents administratifs. Les premiers amiraux gouverneurs durent prendre en main l'administration directe du territoire. En ce qui concerne l'Annam et le Tonkin, le premier traité de protectorat de 1874 prévoyait des dispositions assez souples : l'Empereur d'Annam abandonnait à la France le soin de ses relations extérieures et de sa défense, mais gardait la haute main sur les affaires intérieures. Il s'engageait à accorder à son peuple la liberté de culte et à concéder à la France des facilités commerciales. La non-exécution de ce traité incita les Français à durcir leur attitude. Plus tard, les nécessités de la pacification puis du développement économique firent le reste. Au Tonkin, les fonctions du Kinh Luoc (délégué royal) sont supprimées en 1897 et ses pouvoirs confiés au résident supérieur qui devient dés lors le chef de l'administration indigène. En Annam, le Co-Mat ou conseil secret de l'empereur devient un conseil des ministres présidé par le résident supérieur qui devient ainsi le véritable chef du gouvernement. L'année suivante, la cour de Hué abandonne le droit de percevoir des impôts, désormais perçus par l'administration française qui en contrôle l'affectation. Au Cambodge, le roi Norodom abandonne le gouvernement à un conseil de six ministres présidé par le résident supérieur. De même, au Laos, l'administration est placée sous le contrôle du résident supérieur.
Au Cambodge et au Laos, en butte avant l'arrivée des Français aux querelles internes et aux incursions de leurs voisins, l'action de l'administration française fut considérée comme protectrice et cette évolution fut en général assez bien acceptée. Au Vietnam, pays bien structuré et d'ancienne tradition administrative, la perte de son pouvoir devait créer dans l'élite dirigeante des lettrés et des mandarins un profond ressentiment dont les traces seraient durables.
D'un point de vue général, cependant, la mise en place d'une administration moderne et efficace eut des résultats bénéfiques. En quelques années l'Indochine était dotée d'une solide infrastructure matérielle - voies ferrées, routes, ports, villes, hôpitaux et centres de soins - mais aussi technique et scientifique, avec la création des grands services techniques et des institutions telles que l'Institut Pasteur et l'Ecole Française d'Extrême-Orient. L'essor économique s'accompagnait d'importants progrès dans le domaine de l'éducation : généralisation du quoc ngu et développement de l'enseignement des disciplines scientifiques modernes, création d'une Ecole de médecine, d'une Université... Sur le plan politique, enfin, depuis Albert Sarraut, gouverneur général de 1911 à 1914 puis ministre des Colonies, les responsables français s'étaient ralliés à une "politique d'association", plus ouverte et libérale et méconnaissant moins les réalités locales.

L'Indochine à la veille de la 2ème guerre mondiale
A la veille de la 2ème guerre mondiale, l'Indochine était en paix. Les dernières révoltes, telles la mutinerie de Yen Bay en 1931, avaient été écrasées, leurs chefs exécutés, emprisonnés ou contraints à l'exil. L'ancienne classe des lettrés qui avait si longtemps lutté contre les Français avait disparu avec la suppression des concours triennaux. Les mandarins paraissaient résignés à la présence française ; certains souhaitaient même un renforcement de la "politique d'association" afin d'accélérer, avec l'aide de la France, la modernisation du pays.
L'Indochine était prospère et passait pour "la perle" de l'Empire colonial français. La crise des années 30 s'était éloignée. Les travaux de construction du chemin de fer Transindochinois et de la route Mandarine étaient enfin terminés. On pouvait circuler d'un bout à l'autre du territoire en toute sécurité. Les famines avaient disparu. De nouvelles industries naissaient. De nouvelles cultures étaient apparues, dont les produits étaient exportés vers la métropole et les pays voisins : hévéas, café, thé...
Une jeunesse avide de savoir se pressait aux portes des établissements d'enseignement français ; les plus brillants allaient ensuite poursuivre leurs études en France ; beaucoup se détournaient des préceptes confucianistes et se mettaient à croire aux idéaux républicains de "Liberté, Egalité, Fraternité" en s'étonnant de ne pas les voir toujours appliqués par la France en Indochine.
A l'ancienne classe des lettrés se substituait une nouvelle classe moyenne, formée au contact de l'Occident et aspirant aux responsabilités.
Tout était tranquille en Indochine en 1939. Mais - les Français de la colonie n'en avaient guère conscience - cette situation était fragile.
Les Français étaient fiers de leurs réalisations techniques et économiques. Mais l'Indochine restait un pays sous-développé sur lequel était plaquée une infrastructure de pays développé qui bénéficiait surtout à une minorité. La masse de la population, au Tonkin et dans le Nord Annam surpeuplés, restait misérable.
Sur le plan politique, au Vietnam en particulier, les ferments nationalistes étaient loin d'être éteints. De nouveaux courants d'opposition étaient apparus :
- inspirés du Japon dont la victoire en 1905 sur la Russie avait montré qu'en prenant modèle sur l'Occident et en lui empruntant ses armes, l'Asie pouvait le vaincre ;
- inspirés de la Chine et prenant pour modèle la Révolution chinoise et les idées du Kuomintang ;
- inspirés de l'Internationale Communiste : Nguyên Ai Quoc, futur Ho Chi Minh, fonde le Parti Communiste Indochinois en 1931.
Pour le moment les chefs de ces mouvements sont à l'étranger. Pour la majorité des Indochinois, la France est puissante et forte, intouchable. Mais quand les circonstances s'y prêteront, les idées nationalistes trouveront un écho chez les nouveaux intellectuels surdiplômés ou "retour de France" auxquels le régime colonial refusera longtemps l'égalité d'accès aux postes de responsabilité ou, lorsque celle-ci sera réalisée, l'égalité de rémunération ; tandis qu'à l'autre bout de l'échelle sociale, la nouvelle classe ouvrière des travailleurs des mines et des plantations, paysans déracinés arrachés à leur village, sera tout naturellement la cible privilégiée de la propagande des partis de gauche. Et il deviendra facile de réveiller dans le reste de la population les vieux ressentiments nés du démembrement de l'empire de Gia Long et de l'abaissement des hiérarchies locales.
L'Indochine était un pays sûr, mais au Nord, le conflit entre la Chine et le Japon se rapprochait des frontières du Tonkin.
En septembre 1939, la guerre éclatait en Europe.
La défaite de 1940 puis la guerre du Pacifique allaient conduire à la coupure des communications avec la métropole et à l'isolement de l'Indochine.


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> Pour en savoir plus :
- La politique indigène des Amiraux-Gouverneurs en Cochinchine
- Quelques réflexions sur l'Indo-Chine en 1910
- L'organisation de la justice en Indochine
- L'exposition coloniale de 1931
- Le malaise indochinois
- La réorganisation de l'Indochine Française
- Le Lieutenant-Colonel Bonifacy (1856-1931)
- Albert de Pouvourville (1861-1939)
- La Légion Etrangère en Extrême-Orient (1898-1939)
- Le Croque-mort et le Résident
- Laos 1951

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