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>Le temps de la paix>Laos 1951

 

Du Laos français au Laos indépendant

Autrefois envahie et pillée par des voisins turbulents, soumise par eux à des déportations massives, durement éprouvée par le conflit franco-siamois de 1940, martyrisée par les Japonais, occupée par les Chinois, la partie du pays des Lao qu'on appelait Laos français est un pays béni cependant, où la paix règne dans les coeurs et dans les moeurs, où la douceur et l'hospitalité sont de règle, un pays dont les habitants ne se disputent jamais, ne se fâchent jamais, ne se battent jamais, où l'on rencontre partout des fleurs et des sourires.

Le Laos actuel touche au Siam, dont il est séparé par le Mékong dans sa partie médiane seulement. Il s'agit d'ailleurs du Laos siamois plutôt que du Siam proprement dit: les habitants parlent laotien, portent les mêmes costumes et ont les mêmes moeurs que leurs voisins du Luang-Prabang, de Vientiane, de Bassac.
Le Siam avait annexé en 1941, avec l'appui du Japon, les parties du royaume de Luang-Prabang et du territoire de Bassac situées sur la rive droite du Mékong. La restitution en fut faite en 1946, sur l'intervention de la France.
Les Laotiens, à l'inverse des Siamois, sont des Thaïs purs, aux traits fins peu asiatiques, au teint tantôt clair, tantôt bronzé, selon leur origine familiale ou leur genre de vie. De taille moyenne et bien proportionnés, ils portent à peu près le même costume que les Cambodgiens et les Siamois, c'est-à-dire une large bande de tissu s'enroulant autour des reins et disposée en culotte grâce à un drapage habile. Le port de la veste est facultatif. Les fonctionnaires et les personnages importants la revêtent dans l'exercice de leurs fonctions et dans les cérémonies. Les Laotiennes, au visage plutôt rond, bien faites, toujours aimables et gaies, portent une jupe terminée par une bande brodée de couleurs vives, aux dessins variés, le "sin". A la ville et dans les cérémonies, elles se parent d'une fort jolie écharpe aux teintes vives, dégageant une épaule et complétant souvent un petit corsage à l'européenne. Elles aiment bien les bijoux en or ou en argent: bracelets, boucles d'oreilles, tours de chignon. Selon leur pays d'origine, elles ont le chignon droit, à gauche ou à droite.
Ce peuple pratique un bouddhisme conciliant ; il honore et nourrit ses bonzes sympathiques ; il se réunit dans ses pagodes accueillantes, aux vastes cours bien propres, aux sanctuaires remplis de statues, aux "salas" ouverts aux voyageurs pour leur sommeil, aussi bien qu'aux fidèles pour leurs réunions.
Ce pays prenant, enchanteur, rappelle Tahiti par l'aspect et le caractère de ses habitants. Ce n'est pas un pays riche. Le Laotien cultive sa petite rizière, va à la pêche pour compléter son menu, ramène du bois de la forêt pour faire sa maison ou pour la réparer avec l'aide de ses voisins (car un village est une grande famille). Sa femme s'occupe du ménage et de la cuisine, tisse elle-même les vêtements, mais ne se livre pas aux gros travaux, car le Laotien est galant.
Le Laotien n'attend pas de récompense pour sa générosité et son hospitalité, mais il apprécie les attentions les plus modestes. Il n'extériorise que sa politesse, sa joie de vivre.
Le Laos, grand comme la moitié de la France et peuplé d'un peu plus d'un million d'habitants, est-il un pays d'avenir ? Il y a lieu de répondre, d'abord en se plaçant au point de vue économique, ensuite au point de vue politique, en tenant compte de l'existence d'un Laos dit siamois, très important, sur la rive droite du Mékong.
L'exportation se réduit à quelques troupeaux de buffles vers les pays voisins, au café des Bolovens, au bois de teck, au stick-laque, à 1'étain de la province de Kham-Mouan (Cam-mon). On importe des objets manufacturés, beaucoup d'entre eux, en vertu d'accords douaniers spéciaux, venaient du Japon par le Siam.
L'habitant du Laos n'est pas seulement l'ami des fêtes ; il comprend que son pays, pour ne pas disparaître, doit se développer. Malgré les avertissements des amis des Laotiens, on s'était trop contenté de faire appel à l'extérieur. Les Laotiens, bien guidés, peuvent remplacer chez eux, dans tous les domaines, les étrangers.
Il faut des ouvriers qualifiés, des artisans et aussi des ingénieurs, des médecins, des instituteurs. Une élite existe déjà. Un gros effort est fait pour organiser un enseignement technique et général adapté au pays.
En 1946-1947, 22.917 élèves fréquentaient les écoles primaires et élémentaires ; en 1951 ce nombre s'élève à 38.331.
Le nombre d'élèves du second degré est passé de 194 en 1946-1947 à près de 1.000 en 1951, avec un grand lycée et une école normale à Vientiane, trois collèges en province : Luang-Prabang, Savankhet et Pak-Se.
On pourrait développer le commerce des écharpes laotiennes, qui font beaucoup d'effet en ameublement, et celui des objets d'orfèvrerie, si originaux de forme et de dessins. Mais on pourrait surtout faire du Laos un pays de tourisme et de chasse. Par la douceur de ses paysages, par l'amabilité et la droiture de ses habitants, par les émouvants vestiges de ses monuments anciens, par ses gracieuses pagodes remplies d'ouvrages d'art, par ses réserves de bêtes sauvages (pachydermes, bovidés, félins), par l'abondance de son petit gibier à poil et à plume, le Laos a tout pour attirer le voyageur, d'autant plus que le chasseur n'est exposé, en temps normal, qu'aux mauvaises rencontres qu'il provoque lui-même. Les plateaux du Tran-Ninh et des Bolovens, vastes et salubres, se prêtent à merveille au développement de l'agriculture et de l'élevage à l'européenne.
Il ne restera bientôt plus au touriste peu pressé que le nord du pays, où les routes sont encore peu nombreuses: la plupart des villes, y compris Luang-Prabang, sont maintenant accessibles aux automobiles, tout au moins en période calme. Certains le regretteront. Le Laos perdra un peu de son charme mystérieux.
Au point de vue politique, l'avenir du Laos est lié à celui de ses voisins. Le vieux guide Madrolle, fort bien documenté, disait, il y a longtemps: "En prenant possession du pays des Lao, la France n'a pas reconstitué l'Etat de Lan-Xang. Les amis des Laotiens pensent que la question n'est que réservée. Ils savent que les groupes humains ne sont jamais mieux compris ni administrés que par des chefs de leur race et ils escomptent une réorganisation du pays par la restauration de l'unité laotienne. "

Cette unité est-elle réalisable ? Et sous quelle forme ? L'avenir nous le dira.

E. BOULE

Directeur de l'enseignement du second et du troisième degré au Laos - 1951


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